Une traductrice et un professeur de coréen à avoir, Nathalie est pour moi une référence en ce qui concerne la Corée du Sud !
C’est donc avec plaisir que je vous la présente à travers cette interview :
Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Nathalie, plus connue sur les réseaux sous le nom de Nathttalgi (ttalgi qui veut dire « fraise » en coréen). J’ai 26 ans, je suis la cadette d’une famille de 7 enfants, j’ai grandi dans une campagne un peu perdue en France vers Lyon, je suis quelqu’un d’assez positif, très extravertie et sociable. J’adore voyager et j’ai une passion pour l’Europe du nord et l’Asie depuis petite.
Comment as-tu connu la Corée du Sud et pourquoi as-tu voulu aller en Corée ?
J’ai découvert la Corée il y a longtemps, j’étais déjà passionnée par l’Asie grâce à mes grandes soeurs qui m’avaient initiées : nourriture asiatique, mangas, dramas, musique, rencontres avec des étrangers du monde entier dès mes 7~9 ans, étant donné qu’une de mes soeurs étudiait dans une fac avec beaucoup d’étrangers. Je me suis plus concentrée sur la Corée au collège quand une autre de mes soeur est revenue un week-end du lycée avec une playlist de kpop qu’une amie lui avait partagé, c’était environ en 2010 ou 2011. Partageant cette passion commune, ma soeur m’avait promis qu’elle m’emmènerait en Corée du sud pour mes 18 ans et je suis donc partie avec elle, on a visité plusieurs villes, pas mal de sites classés à l’UNESCO. C’était une période difficile pour notre famille, nous venions de perdre quelqu’un quelques semaines avant le voyage alors je me suis tout de suite sentie mieux, l’atmosphère m’a beaucoup aidé et je m’y suis automatiquement attaché.
Raconte-nous tes voyages en Corée du Sud ?
La première fois que je suis allée en Corée du sud c’était en 2015 pour un voyage de 18 jours avec ma sœur et une amie, nous étions parties en Octobre pour l’automne, c’est encore aujourd’hui ma saison préférée, après toutes ces années à visiter ou vivre sur place. Nous avions visité plusieurs villes : Séoul, Busan, Andong, Gwangju, Suwon… fais pas mal de lieux classés à l’UNESCO, c’était mon premier voyage sans mes parents, préparé par nos soins, je venais en plus de traverser une épreuve difficile en France, 2 semaines avant mon départ et je pense que cela a beaucoup joué sur mon ressenti et mon attachement au pays.
Mes autres voyages ont été plus simples, la 2ème fois, en 2016, j’ai fais guide pour une amie à qui je voulais montrer Séoul, puis les années suivantes je venais car j’étais en couple et que la distance nous force à faire des allers et retours. J’ai vécu 6 mois en 2018 à Suwon, j’ai étudié le coréen pendant ce séjour ci, puis je suis revenue, encore et encore.
Comment et pourquoi as-tu appris le coréen ?
J’ai appris le coréen car j’étais en relation à distance avec un garçon, je parlais anglais avec lui mais je voulais que nous puissions vivre ensemble aussitôt que possible. J’étais allée à une convention sur la Corée à Lyon et il y avait une présentation sur le programme GogoHanguk qui aidait à s’incrire en visa d-4-1 (pour étudier le coréen sur place).
J’ai pensé que c’était le destin, voulant sauvegarder mon visa vacances-travail pour plus tard, je suis partie et la langue m’a énormément plu, vivre sur place m’a beaucoup aidé à évoluer en tant qu’adulte.
Quelles sont tes méthodes pour apprendre le coréen et les conditions ?
Aujourd’hui j’aide les gens à apprendre le coréen, toutes les informations sont sur mon compte instagram sur la story épinglée « Mes Services ». En fait j’avais commencé pendant le COVID à proposer des petits cours particuliers comme j’avais perdu mon travail et cela m’a tellement plu que j’ai ouvert mon auto-entreprise pour pouvoir continuer à aider les gens avec les langues étrangères (j’aimerais développer tout ça avec le temps, même lorsque je rentrerai en Europe…). J’essaie de rester dans des tarifs accessibles.
Ayant travaillé à l’usine pendant longtemps et ayant eu des soucis pour organiser mes hobbies à cause de mes horaires (puis avec le décallage horaire une fois installée en Corée) j’ai réfléchis à cette option de cours « indirects » qui permettent aux élèves qui le souhaitent de recevoir les cours dans la semaine et les travailler quand ils le souhaitent, le nombre de fois qu’ils le veulent, sans avoir à respecter des horaires stricts.
J’envoie les visios pré-enregistrées (par moi-même bien sûr), les cours écrits, des fiches de vocabulaire, des exercices dans les visios et une disponibilité quotidienne pour mes élèves pour les questions sur les cours etc. Cela me rend plus libre dans la vie de tous les jours et ça a l’air de soulager beaucoup de monde. Petit à petit j’aimerais faire évoluer mes services vers des sujets plus variés, avec un peu de temps.
Pour toi qui as beaucoup voyagé en Corée, quel est ton point de vue sur les évolutions de la Corée du Sud ?
Cela va bientôt faire 10 ans que je vais en Corée, bientôt 2 ans que j’y vis et je vois déjà beaucoup de choses qui ont changé, d’autant plus après le COVID. Je pense aussi que ma vision a un peu changé puisqu’avant je « voyageais » et que maintenant je vis sur place. Les ressentis ne sont pas les mêmes et je remarque des détails, petit à petit, que je ne voyais pas avant.
Ce qui m’a le plus perturbée récemment ce sont les remarques vraiment sexistes que l’on peut entendre dans le quotidien. Je ne sais pas si je ne les entendais pas avant, un peu aveuglée par les sensations ou si le fait que je parle coréen couramment fait que je peux les « entendre et comprendre ».
Il n’est pas compliqué de se rendre compte que les garçons sont favorisés dès le plus jeune âge, bien plus encore qu’en France. Il suffit de regarder ou écouter les mamans dans les transports, voir le comportement des hommes et parfois on se rend compte que le patriarcat est encore vraiment très présent (ce que je ne voyais pas vraiment avant même si j’en entendais souvent parler). Malgré tout, une chose qui n’a pas changé avec le temps, je trouve les coréens toujours aussi accueillants et gentils.
Je suis quelqu’un de très sociable et extravertie, il m’arrive souvent de discuter avec des inconnus et de me rappeler pourquoi j’aime autant ce pays. J’ai beau être étrangère je ne me suis jamais sentie rejetée jusqu’à aujourd’hui et je me sens à l’aise dans mon quartier, je me sens acceptée par ceux que je rencontre (la plupart du temps).
Rien que l’an dernier, quand j’étudiais à Hanyang, une dame qui travaillait dans un petit restaurant me rajoutait toujours à manger dans mes plats en me demandant comment se passaient les cours, si je mangeais bien, quand étaient mes examens… Elle était toujours bienveillante avec moi, et c’est le genre de choses qui m’arrive assez souvent. Peut-être que j’ai de la chance, peut-être que je vois facilement le positif, mais je me sens bien.
Tu as déjà été en couple avec un coréen, quels conseils donnerais-tu à des personnes qui veulent se mettre en couple avec un coréen ?
Comme je l’ai dis, je vais en Corée depuis longtemps, je vis ici, j’ai appris le coréen et, voulant le pratiquer, j’ai rencontré beaucoup de coréens en ligne, j’ai aussi été abordée, alors oui, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir des relations sérieuses avec des hommes plus ou moins bien. Premier conseil : N’acceptez pas n’importe qui sous prétexte qu’il a l’air poli au premier abord.
La Corée est un pays où les gens se comportent naturellement poliment dans la société, il faut être prudent ! Deuxième conseil, ou plutôt avis : Une chose qui est souvent revenue dans mes relations – Leur relation particulière avec le travail. La plupart de ceux que j’ai rencontré travaillaient même le week-end, les jours de congés, pendant les vacances… Ils vont recevoir des appels du travail n’importe quand, ils doivent se rendre disponible et parfois je passais après le travail et c’était trop difficile pour moi.
Tout en sachant que c’est leur culture ça devenait parfois l’excuse pour leur manque de temps pour notre couple et je devais perpétuellement les attendre. Il faut donc prendre conscience qu’il est possible (mais pas automatique bien sûr, je parle de MON expérience) que le travail devienne l’une des raisons pour lesquelles vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez.
J’aime voyager et savoir que mon petit ami ne peut poser que 3 jours à la fois, 4 ou 5 fois dans l’année ça me faisait juste penser qu’il sera compliqué de voyager ensemble, partir en vacances etc. Il y a beaucoup de choses qui sont compliquées dans les relations mixtes, surtout avec des cultures aussi différentes que les nôtres (j’en ai fais une série de vidéos sur tiktok).
Quels sont les problèmes que tu peux rencontrer en tant que « étrangère » en Corée du Sud ?
Comme je suis étrangère en Corée il peut être parfois difficile d’utiliser des services (tels que la banque, les livraisons etc.) comme n’importe quel coréen.
Parfois je veux commander quelque chose et je ne peux pas valider la commande tant que je ne confirme pas être de nationalité coréenne ? Parfois je veux faire un virement mais la limitation sur mon compte ne me le permet pas…
Avoir un visa et un numéro de résident n’assure pas toujours l’accès à tous les services.
Sinon je trouve que la Corée reste un pays assez accessible, je ne sais pas ce que ça donne pour quelqu’un qui ne parle pas coréen, mais personnellement je trouve cela assez facile pour le reste de s’adapter.
Parle-nous de tes futurs projets.
Après de nombreuses années à être tiraillée entre mon désir de vivre en Corée et de partir dans le nord de l’Europe (Ecosse, Irlande…) après ma dernière rupture j’ai décidé de finalement tenter « enfin » l’expérience de vivre en Europe.
Je prévois donc de partir d’ici quelques mois, rentrer en France pour remettre de l’argent de côté et tenter ce projet que je repoussais sans cesse « à cause » de tout ce qui me faisait revenir en Corée à chaque fois et laisser de côté ce projet là.
Je ne quitte pas la Corée car je ne l’aime plus, juste que ma relation avec la nature, mes inspirations pour mon art, l’air de la campagne, tout cela me manque et que je DOIS essayer, de peur de regretter plus tard de ne jamais l’avoir fait.
Peut-être que ça ne marchera pas, que je ne me sentirais pas à ma place et reviendrai en Corée, et peut-être que je m’y sentirai si bien que ce tiraillement disparaîtra enfin et que je trouverai ma place définitivement.
Je continuerai les cours, à aider les gens qui veulent venir s’installer ici, mais je veux essayer, pour ne rien regretter.
Petit mot pour ta communauté ?
Je tiens d’ailleurs à remercier tous ceux qui me suivent. Ma communauté Instagram particulièrement. J’ai évolué si doucement sur les réseaux que j’ai pu rester proches de mes abonnés, communiquer avec eux, je rencontre souvent ceux qui viennent visiter la Corée, je fais des rencontres riches et je suis vraiment très heureuse d’avoir leur soutien au quotidien.
Je reçois parfois des messages qui me font chaud au coeur, disant que j’en inspire quelques uns, que j’arrive à travers mes réseaux à les encourager à suivre leurs rêves, créer des projets plus grands et vous me rendez fière de ce que je suis devenue, fière de voir que j’ai une communauté aussi soudée et fiable et je suis fière de vous aussi.
Merci pour tout vos jolis mots, vos « j’aime » et « commentaires » qui représentent beaucoup, vos messages privés. J’espère que vous continuerez à me suivre même lorsque je quitterai la Corée, que vous saurez apprécier ma vie ailleurs aussi.
Je suis heureuse de pouvoir partager tout cela avec vous et j’espère pouvoir rester disponible pour vous !
A bientôt !
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Musasian vous remercie pour la lecture de cet article et vous souhaite une bonne lecture des prochains articles ! N’hésitez pas à me donner vos avis et remarques en commentaire 🙂